Contempler le jardin qui doucement s'ensommeille dans les ors et les
brumes de l'automne , voir les arbres se parer des dernières
incandescences, laisser les heures du jours s'y noyer d'une langueur
ténébreuse et inquiète.
L'air exhale des essences sauvages et moussues,
partout , en tout lieu, la nature se chamarre d'ocres tièdes , d'ambres
veloutées .
Parfois un vif scintillement vient entourer quelque rameau, effleurer la feuille fragile , la faisant miroiter jusqu'à sa tombée.
Dors mon petit jardin, dors, je poserai sur les plus fragiles de tes hôtes un lit de feuilles et d'écorces, préparerai par le brun et le pourpre, tous les atours et le charme de ton sommeil , confiant à tes terres inanimées toute la hardiesse espérante et fraiche des printemps à venir.